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« Conditions climatiques dégradées » : on en parle ici avec Clément !

Vous voulez être incollables sur les "conditions climatiques dégradées" en automne, lisez l'article !

Si vous avez pris le RER C au cours des derniers jours, il est possible que votre train ait été supprimé ou retardé en raison de « conditions climatiques dégradées » :

 

Vous êtes nombreux.ses à vous questionner sur ce motif qui n’est pas toujours bien compris, parce qu’une pluie diluvienne ou une tempête de neige n’est pas en cours au moment où la circulation de vos trains est impactée.

Des explications s’imposent et c’est le sujet de cet article pour lequel on a interrogé Clément, un chef des circulations qui connait très bien le phénomène.

 

🍂 L’automne est là, c’est le retour des feuilles mortes !

C’est la saison où les paysages nous offrent un spectacle haut en couleur : tantôt jaunes, oranges ou rouges, les arbres se parent de leurs belles nuances chaudes. Phénomène naturel, je ne vous apprends rien en vous disant que les feuilles finissent par tomber. Seulement parfois (souvent en fait), elles s’échouent sur les voies ferrées.

Les feuilles mortes se collent alors au rail et sont écrasées au passage des trains comme le montre la photo ci-dessous :

©Crédit photo : @wallygatore07 sur Twitter

Il suffit ensuite d’une bruine fine et d’une température suffisamment basse pour créer une pâte végétale très glissante :

 

Cette « pâte » peut empêcher vos trains de freiner : c’est ce qu’on appelle l’enrayage. Dans le cas d’une accélération, on parle alors de patinage :

©Crédits photos : @ADCBrest sur Twitter

 

💬 Retour d’expert : Clément prend la parole et vous dit tout sur les feuilles mortes et leurs conséquences

Sur Twitter mais aussi sur le blog, de nombreux agents échangent avec vous au quotidien sur les différentes questions que vous pouvez nous poser. C’est le cas de Clément que j’ai interrogé pour l’occasion. Il est le Chef des Circulations en gare des Invalides et travaille chez SNCF depuis plus de 11 ans.

Le phénomène des feuilles mortes n’a donc plus de secret pour lui !

Clément, pourrais-tu nous expliquer ce qu’est l’enrayage ?

« Un enrayage, c’est quand le train freine mais que, à cause d’une mauvaise adhérence, ses roues se bloquent et glissent sur le rail. Pour vous donner une idée, c’est comme si vous couriez sur la pointe des pieds et que soudain vous deviez vous arrêter brutalement au milieu d’une flaque d’huile. Ce phénomène a deux conséquences qui peuvent être sévères : il empêche les trains de s’arrêter correctement ce qui peut leur faire rater un arrêt en gare, ou encore manquer un signal d’arrêt fermé. C’est donc très sérieux. »

 

Qu’est-ce qui provoque ce phénomène ?

« Vous avez commencé à l’évoquer dans l’article, on en revient aux conditions climatiques dégradées. Les coupables sont… les feuilles mortes et l’humidité ! L’automne revient chaque année (si si !), et tous les ans c’est la même chose : les feuilles tombent sur les voies ou y sont portées par le vent et lorsque les trains passent dessus, ils les réduisent en bouillie. Ajoutez de l’humidité (comme la bruine du 16 novembre au matin) et vous obtenez une espèce de pâte qui colle au rail et que certains appellent dans le jargon « de l’huile ». C’est elle qui peut faire perdre l’adhérence aux roues du train sur le rail. »

 

Le patinage, c’est le même processus ?

Oui tout à fait, l’effet inverse peut se produire au démarrage ou quand le conducteur accélère : les roues du train qui adhèrent mal au rail tournent à vide et le train ne démarre pas, ou difficilement. On dit alors qu’il « s’essuie les pieds » et, dans le pire des scénarios, il est incapable de repartir et doit être secouru. Cela peut donc expliquer les perturbations du trafic qui sont liées aux conditions climatiques dégradées.

 

Quelles sont les solutions pour empêcher que l’enrayage et le patinage se produisent ?

De façon générale, la prévention consiste à organiser des tournées de ramassage des feuilles (il y a même une entreprise spécialisée pour ça), et de faire passer un train karcher qui nettoie le rail. Malheureusement, les feuilles reviennent aussi sec (sec, vous l’avez ? ha ha !), ces solutions aident à juguler le phénomène mais ne peuvent l’empêcher totalement. D’autant que non seulement le train karcher ne peut pas être partout, mais qu’au vu de la saturation des lignes, il est difficile à faire passer car il ne roule qu’à 20 km/h et gêne donc considérablement les autres trains. À ce stade, on ne peut plus éviter les feuilles. Le seul moyen de gérer cette situation est de limiter la vitesse des trains afin qu’ils freinent moins fort (cela permet aussi de réduire leur distance de freinage en cas d’urgence).

Un grand merci Clément pour toutes tes explications !

Si vous souhaitez discuter avec Clément ou le suivre sur Twitter, retrouvez-le sous le pseudo @cld.

 

📝 Pour résumer…

Bruine + feuilles mortes + températures basses =

  • Enrayage
    En phase de freinage, les roues du train se bloquent et ce dernier continue alors à avancer en glissant sur les rails dû à la pâte végétale et graisseuse qui s’est formée. Cette singularité peut se révéler dangereuse et causer des dommages encore plus importants d’usure sur les roues et les rails nécessitant alors l’intervention des services de maintenance.

L’envoi du train à l’atelier de maintenance sera donc nécessaire pour « reprofiler la roue » dans une machine-outil spécialisée, ce qui peut expliquer la suppression de votre train.

  • Patinage
    Dans l’autre situation, c’est l’accélération ou le démarrage qui est en jeu. Les roues glissent sur le rail sous l’effet de cette pâte végétale, le train est alors ralenti dans sa prise de vitesse. Pour des raisons évidentes de sécurité en cas de perte « d’adhérence », le conducteur adapte sa conduite en limitant la vitesse du train et peut parfois être amené à procéder à un « arrêt d’urgence » ce qui explique l’allongement du temps de parcours, les modifications de dessertes voire les suppressions.

 

🎬 Le bonus vidéo, pour celles et ceux qui en veulent encore (ou qui ont eu la flemme de tout lire, c’est pas grave on ne vous en veut pas même si c’était super intéressant !)

 

Vous l’aurez donc compris, il n’en faut pas « beaucoup » pour que les conditions de circulation d’un train soient dégradées.

Voilà, vous savez tout ce qui se cache derrière les conditions climatiques dégradées automnales !

N’hésitez pas à réagir et à nous poser toutes vos questions dans les commentaires de cet article 👇

 

Ben, Laëtitia (et Clément !)

2 commentaires pour “« Conditions climatiques dégradées » : on en parle ici avec Clément !”

  1. Gilles SPasser en mode normal dit :

    Hello,
    Pourquoi ne pas dire alors simplement « feuilles mortes » au lieu de « condition climatiques dégradées » ?
    Car oui, « condition climatiques », on pense à une tempête, chute de neige, verglas… qu’on peut comprendre !
    La langue française est si riche, qu’elle a même prévu les chutes de feuilles 🙂

    • ClemPasser en mode normal dit :

      Salut Gilles,

      Ça, malheureusement, c’est une réponse que je n’ai pas !
      Techniquement, « conditions climatiques dégradées » est absolument exact, mais il est clair que ce n’est pas très parlant.

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